Questions & réponses avec un catalyseur : « Je rêve d’une bonne gouvernance»  

Selon le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, la gouvernance inadéquate est à l’origine de la plupart des conflits violents et des crises auxquels sont confrontées certaines parties du continent africain. Le rêve du catalyseur de l’ILC Moustapha Ouedraogo est de proposer un modèle qui façonnera une bonne gouvernance dans son pays d’origine, le Burkina Faso. Lisez la suite pour en savoir plus sur l’expérience de Moustapha qui est au niveau 1 de l’ILC, notre année de formation et de développement. Moustapha fait ses études de doctorat en sociologie des organisations et de la gouvernance. Il travaille également avec le UGBB, le mouvement national IFES du Burkina Faso. 

Photo de Moustapha Ouedraogo

1. Pourquoi vous avez décidé de poser votre candidature à l’ILC ? 

Après avoir écouté les témoignages des catalyseurs, j’ai été encouragé à faire ma candidature, tout notamment après avoir écouté le témoignage du Dr. Sambo Ouedraogo (découvrez plus sur le projet ILC ici). Quand je l’ai écouté, je me suis rendu compte que ce programme pouvait répondre aux deux questions fondamentales que je m’étais posées en tant qu’intellectuel africain et chrétien : Comment pouvons-nous concilier la science avec la foi et la culture ? Et comment moi, un intellectuel chrétien, je pourrais influencer l’éducation supérieure avec des valeurs bibliques ?  

2. Quels bénéfices vous apporte ce programme ? 

Je crois que cette formation me permet d’avoir une approche différente par rapport aux recherches scientifiques et de mieux répondre aux grands enjeux de mon pays, particulièrement la bonne gouvernance au Burkina Faso. J’espère que l’ILC me fournira les outils dont j’ai besoin pour entreprendre une recherche de haute qualité sur ce thème. 

La promotion de la paix, de la cohésion sociale et du développement durable n’est possible que par le biais de la bonne gouvernance. Le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine (PCS) a confirmé que la gouvernance inadéquate est à l’origine de la majorité des crises et des conflits violents présents dans certaines régions du continent africain (PSC 766th meeting; 2018).

Mon rêve est de proposer un modèle de gouvernance qui façonnerait la gouvernance de l’État et de l’église au Burkina Faso. 

3. Comment vous décrieriez vos premiers mois à l’ILC ? 

Les premiers mois du programme ont été fantastiques. Il y a eu des moments de déconstruction, de construction, de découvertes et de changements de paradigmes. Lors des ateliers en ligne, nous avons eu l’occasion d’écouter des intellectuels chrétiens très compétents dans leur domaine. Nous avons également eu des devoirs de lecture avec des livres intéressants qui abordaient les réalités culturelles, théologiques et scientifiques de l’Afrique francophone. De plus, nous avons effectué des recherches, nous avons fait des études bibliques ensemble et nous avons échangé entre catalyseurs grâce aux discussions sur notre forum en ligne.   

J’ai appris considérablement lors de ces sessions. Premièrement, le travail fourni m’a aidé à aiguiser mon ouï en tant qu’universitaire chrétien. De cette façon, maintenant, j’identifie mieux les vrais problèmes et les causes et je retrouve des solutions plus adaptées. Deuxièmement, j’ai appris à mieux me connaître en tant qu’intellectuel chrétien. Troisièmement, l’ILC m’a permis de découvrir davantage à quel point le dialogue entre la science et la foi est important et comment créer des ponts pour favoriser ce dialogue.  

4. Est-ce que quelque chose vous a marqué ? 

Un élément qui a vraiment attiré mon attention c’était la science et l’identité chrétienne.  La lecture du livre Science et foi : Manuel de cours pour l’Afrique francophone (Zegha Maffogag; 2017) m’a permis de me rendre compte que mon identité a été forgée par divers facteurs, y inclus ma foi chrétienne, ma culture et mes études académiques. Je me suis rendu compte du nombre de fois où j’ai ressenti des tensions à cause du conflit de valeurs. Ce livre, ainsi que mes devoirs de recherche et le séminaire ILC sur les religions traditionnelles africaines et le dialogue science et foi m’ont aidé à développer les compétences nécessaires pour construire des ponts entre la science (et ma discipline académique), la foi et la culture. En ce moment je travaille sur les tensions dans ces trois domaines de la vie afin de créer des ponts et que le rapport entre eux soit une source de richesse plutôt qu’une source de tensions.  

5. À quoi ressemble la situation des chrétiens dans ton pays en ce qui concerne la science et le christianisme ?  

Dans le contexte des églises, la relation entre la science et la foi est considérée comme conflictuelle. Pour de nombreux pasteurs, l’université et l’église sont deux terrains différents. Ce que nous apprenons à l’université est perçu comme appartenant au monde et voué au business. Par conséquent, ceux d’entre nous qui poursuivons un parcours académique, nous ne sommes que rarement invités à contribuer dans l’édification des croyants ou de l’église au Burkina Faso avec nos compétences académiques.  

Cependant, dans mon mouvement national IFES, la science et la foi sont perçues comme complémentaires. Nous prenons des éléments scientifiques pour raffermir la foi des étudiants, tout comme nous prenons des ressources de notre foi chrétienne pour influencer certaines perceptions de la science. Par exemple, pour mon mémoire de master sur la gestion de projets de développement, j’ai pris l’UGBB comme cas d’étude. J’ai aussi rédigé un article scientifique sur la crise de gouvernement au Burkina Faso où je propose le modèle de gouvernance de Néhémie comme l’alternative à la reconstruction du pays alors que nous traversons une crise humanitaire et de sécurité.  

6. Est-ce que vous pourriez nous parler un peu sur le projet pilote que vous êtes en train de concevoir et que vous souhaitez mener comme projet de sciences et théologie à l’ILC ? 

Le Burkina Faso fait face à une crise de sécurité et de gouvernement depuis août 2015. Ces crises ont un impact sur différents aspects de la vie. Nous avons plus de deux millions de déplacés à l’intérieur du pays et il y a eu de nombreux décès. L’église a aussi expérimenté de graves pertes comme la fermeture des églises, la persécution et la mort de chrétiens et de pasteurs. Du point de vue politique, il y a eu quatre coups d’État en huit ans. Dû a ce contexte, il est urgent de trouver une solution qui apporterait un changement durable face à la crise de sécurité et de gouvernance. Mon projet pilote consistera à faire des sondages pour mieux comprendre les perspectives des étudiants à ce sujet. Ce projet s’intitule : « La contribution du dialogue entre la science, la foi et la culture dans la transformation de la crise de gouvernance au Burkina Faso : perceptions des étudiants de l’université Joseph Ki-Zerbo ». 


Lisez en plus sur le parcours académique de Moustapha sur l’article IFES Prayerline de 2020. 

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